dimanche 9 janvier 2011

Oiseaux





                                   Photo: Flicker libre

 
En cet après-midi du 9 janvier 2011 me fut donné l'occasion
d'expérimenter pour la première fois la communication tactile
entre genre humain et vertébré tétrapode ailé.
En l'occurence, votre humble blogueur et quelques mésanges à tête noire
dont je ne suis pas près d'oublier la tronche, ni la sensation unique
qu'a laissée leurs pattes à trois griffes sur l'épiderme de ma main
leur offrant pitance hivernale par graines déposées au fond
de ma paume nue offerte au vent froid et humide de ce jour.

"Les mésanges ne sont pas farouches, tu verras.
Si tu prends l'temps, elle viendront manger dans ta main."
Me dit la co-auteure qui me donna naissance un certain jour de février.

-Ah ouais! Et j'm'appelle le magicien d'Oz,
 avec un peu d'chance elle vont m'chier sua tête
 et j'gagnerai à la loterie, ai-je répondu en boutade
 incrédule.

-Nhah!

Je la pris au mot en regardant la volée de mésanges
présentes sur l'arbre nourricier dénudé par l'hiver,
à travers la fenêtre givrée de la cuisine.
Il devait bien y en avoir une douzaine autour de la mangeoire
et dans ses branches, qui perchées, qui virevoltant autour
par vols saccadés. D'un coup je songeai à l'album "Le Devin"
(Astérix), par Goscinny et Uderzo:
"Je vois par le vol de ces oiseaux que tu ne passeras
pas toute ta vie dans ce village."   ;-)

Je m'habillai prestement et sortis dehors sans me nourrir
d'illusions, une poignée de graines de tournesol dans la main
et un rêve fou en tête.
J'arrive au pied de l'arbre et me poste tout près de la mangeoire
suspendue; je m'y colle de sorte qu'elles n'oseront jamais venir
s'y sustenter sans passer par ma main tendue d'abord, plus accessible.
Héhé...

Elles sont d'abord effrayées; pendant une vingtaine de secondes
j'entendrai les "frrpp frrpp" de leurs ailes fendant le silence
de l'air hivernal au-dessus de ma tête au sommet de l'arbre
et ses alentours puis, de branche en branche,
du sommet se rapprochant tranquillement
en petits jacassements agacés tels:
"Tchic-a-dui-dui-dui"  "Dui-dui-dui-thic-a"
elles reviennent rapidement vers moi,
se rapprochant sans cesse par vols
allés-retours courts, il y en a beaucoup.
Elles jasent un langage inconnu
que j'essaie d'imiter sans grand succès
je présume, mais je l'ignore.

Je ne suis pas des leurs. Elles ne sont
pas des miens et pourtant nous vivons
ensemble. Cette planète est curieuse
n'est-ce pas.C'est la première fois
ce genre d'expérience puis elles se rapprochent
sans cesse sur les branches avoisinant ma personne physique.
Quelques téméraires viennent tout près
à une vingtaine de centimètres de ma main,
puis repartent et reviennent, nerveuses;
à moins qu'elles ne soient remplacées par d'autres soeurs,
elles se ressemblent toutes les bougresses et volent vite.
Elles se laissent désirer mais je reste concentré.
Je reste immobile, surtout pas de gestes
brusques! Je reste immobile, je ne bouge pas,
la main tendue full graines dans la paume.

Ça fait 5 minutes dépassées maintenant.
Ma main commence à avoir froid mais au moins
elles ne s'éloignent pas, au contraire elles s'approchent.
C'est un feeling jamais vécu.
Eh que ça leur tente, de venir poser leurs pattes hein,
eh que ça leur tente, de venir picorer dans ma main
je les sens bien mais elles hésitent encore les vlimeuses.
Je décide d'entamer une chanson:
Ô mésaaannnges, ô mésanges de mes amouurrs
ô mésanges de tous les jouuurrs...

Déniaisez-vous sinon
j'vous pouèvre au douze!

Puis...
La plus brave d'entre toutes
vient m'en voler une sans se poser
puis repart comme un colibri frrrppp...
Puis une autre l'imite,environ 30 secondes après,
elle vient se poser sur mon index a'ec ses 2 pattes
et ses six mini-griffes...

Elle tarde pas en la demeure et repart
avec son petit bonheur. Puis une autre
vient, kek secondes plus longtemps
et hop elle est partie!
Je vis une expérience de communication
inter-espèces unique. J'aurais aimé photographier
cela mais c'était pas possible la première fois.
Trop instables, ni l'une ni l'autre des parties
n'auraient pu tenir le cadre sans bouger.

"The Birds" de Hitchcock, friendly version.
I mean, tu débarques en campagne
une fois par mois, tu connais que dalle
des oiseaux puis tu prends 5 minutes
pour être immobile et paf t'en as un
qui vient poser ses griffes sur ton index
pour se nourrir à même ta paume.

Ce fut une sensation de l'univers dans ma main.
Bird sensation.
Les mini-griffes d'un mammifère ailé sur ta peau.
Incomparable, inoubliable.

Janvier 2011 appartient aux oiseaux "sauvages".

4 commentaires:

Éléonore a dit...

ça m'est arrivé moi aussi,
j'ai même une photo sur mon flickr de ma main et de l'oiseau.
J'ai eu une sensation intense de faire un avec la nature autour de moi.
Et aussi un désir de me montrer digne de la confiance de ce petit être si léger et fragile.
Très beau comme expérience.

Éléonore a dit...

http://www.flickr.com/photos/7248552@N08/2049028030/

Yvan a dit...

Ouais en effet Éléonore.
C'est une très belle expérience.
Pourquoi cette race d'oiseaux
est naturellement près de nous,
contrairement aux geais bleus
farouches ayant si mauvais caractère?

En dehors de cette question
l'expérience vécue fut en tous
points unique envers ces mésanges.
Auraient-t'elles un gêne de sociabilité innée contrairement
aux autres oiseaux?
Pourquoi?

C'est très étrange en même temps
que réjouissant.Comment cela
se fait-il que les mésanges
viennent à nous au contraire
d'autres oiseaux qui nous fuient?

Un sujet d'expérience et d'étude
à venir...

Yvan a dit...

Superbe photo Éléonore.
C'est en plein ça qui s'est produit.
Me permettras-tu de la reproduire
ici un jour?