mardi 29 avril 2008

Fritz Lang Revival

"While the City Sleeps" de Fritz Lang (E.U-1956, 99min, v.o. angl)





-Pas vrai...Un Fritz Lang sur grand écran?!

-Absolument, rien de moins.
Vous trépignez de bonheur anticipé, je le vois.

-Mais où ça, dis-nous le tout de suite.

À la Cinémathèque Québécoise, 335 Bl. de Maisonneuve Est, à Mourial.
(Métro Berri-Uquam, sortie de Maisonneuve)

-Quand?

Dimanche prochain, le 4 mai à 17hres.

Une présentation rendue possible par la sympathique équipe d' Horschamp.
Dites-le à vos amis et venez poser votre postérieur devant une grande oeuvre.

(Le film sera précédé de : " Paris à l'aube" de Johan Van der Kleuken et James Blue
- Fr.1957-60, 9min.Sans dialogue)

samedi 26 avril 2008

Cliché conversation Vol 9

Eh oui. Avec le printemps qui s'installe confortablement, rien de mieux qu'un cliché de conversation bien tassé, comme il se doit.

"Le McGras en colère"


Au travail, j'arrive avec un colis au destinataire par le quai de réception arrière.
Le mec gras, chauve et bedonnant (McGras, un nouveau sandwich de McDonald) qui m'accueille est nerveux et préalablement crinqué je sais pas pourquoi, moi je suis juste un petit courrier besogneux et occupé au max.



-Le McGras: Ça vient d'où ah ben câlisse...j'pense que j'sais cé qui, c'te criss là!

- J'sais pas monsieur, je regarde la destination, pas la provenance, je suis qu'un intermédiaire.

-'tends menute toé, si cé encore c'te crosseur là , je l'refuse,(il regarde le colis et sa provenance) ben oui cé lui, jeul l'refuse osti!
(Il me regarde droit dans les yeux, m'implorant presque de l'affronter et lui imposer ma livraison, pompé d'adrénaline qu'il est.)

-Pas de problème, lui dis-je calmement, le colis retourne à l'expéditeur monsieur.

-Cé ça, pis tu lui diras de se l'fourrer dans l'cul, cé encore c't'osti d'mangeux d'marde qui m'a fourré, jeul refuse ton colis! Lui pis ses ostis d'casquettes cheap, yé pas riche pour rien , pis moé j'fais 5 cennes de la casquette, j'fais quoi moé, j'me bise eul' cul?

-C'est comme vous voulez monsieur...

-Ben cé ça! Ah tabarnaaacc! (Il saisit une bouteille vide qui traînait par là et la fracasse sur le sol, il est pourpre de colère, puis une voix grave et calme se fait entendre derrière lui en s'approchant...Son partenaire d'affaires sans doute, il dit:

-Et voilà... Tu t'bises eul'cul mon gros. Si t'avais pas négocié ça en niochon mais comme du monde, on en s'rait pas là; ben non, ya fallu qu' tu fasses ton "smatte" comme d'habitude.

-Ah toé ta yeule! T'es toujours en vacances, jamais là quand il faut! Monsieur a un lunch
d'affaires, monsieur a une partie d'golf , monsieur doit aller voir sa maîtresse blablabla, une
vraie Princesse!

-Ouais cé ça, t'es jamais capable de rien faire tout seul, faut toujours que j'sois là à te t'nir par
la main, faut-tu que j'te tienne la queue quand tu pisses?

-Vas chier 'sti!

-Sans dessein, tu vas absorber cette perte dans TON compte...

-M'as t'en chier une perte dans MON compte! NOTRE compte, OK!

-Pantoute!

-Ah ben cibouère!

- Bon ben j'vous laisse les amoureux, j'ai d'autres clients à faire...

-Cé ça, décâlisses!

-On reste poli sivouplè.

.........

Sur cette scène d'amour mutuel et romantique tout plein de vociférations, je repris le colis en inscrivant le code 4: refus, et repartis vers de nouvelles aventures.

vendredi 25 avril 2008

Exercice de proportions






Suite à la lecture d'un fichier envoyé par une amie, qui m'a remis dans une plus juste perspective de vie, je tenais à le retransmettre à ma façon car il offre une opportunité de réflexion dans la mesure où l'on accepte la réduction mathématique à grande échelle.
Évidemment, on arguera sur la fiabilité des sources statistiques et sur le fait qu'à chaque société, évoluée ou non, correspond des responsabilités et tourments différents selon le niveau de vie propre à chacune. Mais tout compte fait, je trouve que c'est un portrait assez juste de l'état des lieux.


"Si on pouvait réduire la population globale du monde en un village de 100 personnes, tout en maintenant les proportions de tous les peuples existants sur la terre, ce village serait ainsi composé:
-57 asiatiques
-21 européens
-14 américains (Nord, Centre et Sud)
-08 africains


Il y aurait:
-52 femmes et 48 hommes
-30 blancs et 70 non blancs
-30 chrétiens et 70 non chrétiens
-89 hétérosexuels et 11 homosexuels (Les bisexuels doivent être entre ces deux chiffres)

....

6 Personnes posséderaient 59% de la richesse totale et tous seraient originaires des USA.
-80 vivraient dans des maisons délabrées.
-70 seraient analphabètes
-50 souffriraient de malnutrition
-1 serait en train de mourrir
-1 serait en train de naître (perso je dirais 2)
-1 posséderait un ordinateur
-1 aurait un diplôme universitaire. (Juste un sur cent)

.....
(Parenthèse):
Un milliard de personnes vivent avec moins de un dollar US par jour.
Deux milliards de personnes vivent avec moins de deux dollars US par jour.

.....

Si vous n'avez jamais été dans le danger d'une bataille, la solitude de l'emprisonnement, l'agonie de la torture ou l'étau de la faim, vous êtes mieux que 500 millions d'êtres humains.

......

Si vous avez de la nourriture dans votre frigo, des habits sur le dos, un toit sur votre tête et un endroit pour dormir, vous êtes plus riche que 75% des habitants de la Terre. Et si dans le même temps vous avez de l'argent en banque, dans votre porte-feuille et de la monnaie dans une petite boîte, vous faites partie des 8 pour cent de privilégiés de ce Monde.


(...)




dimanche 20 avril 2008

Rencontres

Le rapport virtuel écrit que l'on peut entretenir avec une personne pendant un certain temps sans la voir, permet de la connaître un peu, mais jamais autant que lors d'une vraie rencontre face à face. "Facio a Facio" ...
On peut échanger un bon moment par écrit avec un sujet intéressé et intéressant mais...

Plus le temps passe, plus l'imagination opère et peut jouer des tours si on ne garde pas un contrôle objectif sur le dit sujet. Des choses se perdent dans l'écrit quand on fait pas attention.
Lors d'une rencontre(étape naturelle et nécessaire entre esprits compatibles), on voit la plume s'incarner devant nous, tout d'un coup, paf.
La personne est là, telle un tableau complet et incomplet en même temps parce qu'on la connait peu dans le fond; mais sans équivoque, totale, de chair et de sang comme moi devant moi, telle une image réciproquement imposée.

Quand on échange par plume interposée, ce sont deux esprits qui communiquent en ayant le temps en leur faveur, pour bien traduire leur pensée.

Quand on rencontre, ce sont deux corps/esprits qui échangent en temps réel, comportant maladresses, nervosité et magie possibles. Le corps ne ment jamais. C'est pour cela que je reconnais quelqu'un à ses actes, non à ses paroles. Un classique qui m'a toujours bien servi à travers le temps, ma petite marotte perso qui transcende :)

Le véritable contact humain ne sera jamais remplacé quant à moi. Jamais dans cent ans.
Aucun subterfuge virtuel ne remplacera le contact des yeux et de la parole échangée en temps réel.

Never in a hundred years...
N'en déplaise à tous les informaticiens de ce monde, qui voudraient bien re-créer la réalité.

vendredi 18 avril 2008

Lecture de Claude Chabrol


Le titre est pompeux, mais dès le préambule, Chabrol affirme:
"Ma méthode pour faire un film n'est pas la même que celle des autres réalisateurs. Toutes les méthodes sont différentes. Chacune d'entre elles peut être la bonne pour celui qui l'applique, et mauvaise pour les autres. Donc, parler d'une école de cinéma, cela ne veut rien dire."
C'est un tout petit livre d'une centaine de pages qui se lit d'une traite, tant l'écriture concise et limpide fait le tour d'une vision globale intelligente teintée d'humour, sur la façon de faire un film selon Claude Chabrol, qui compte plus de cinquantes longs métrages à son actif.
Fascinant bouquin qui pose un regard français personnel et universel sur la réalisation du cinéma. Il nous fait part de sa façon à lui, toute personnelle, sans prétention.
Ses propos furent recueillis par François Guérif en 2002, qui en fit ce bouquin découpé en chapitres pour la compréhension d'un long-métrage. Tout y passe en général à travers l'oeil, n'oubliant rien sans jamais verser dans la théorie redondante; mais perso, j'aurais pu en prendre plus, beaucoup plus; mais c'est déjà ça de pris.
Quelques citations citées hors contexte, pour vos beaux yeux.
-Sur les cinéastes:
"Grosso modo, on peut dire qu'il y a deux sortes de cinéastes: les conteurs et les poètes".
Puis il explique...
-Sur les producteurs:
"Comme pour toute profession, il y a de bons et de mauvais producteurs. Le mauvais producteur est facile à reconnaître: il n'a que deux idées en tête:
1-Dépenser le moins d'argent possible;
2-Que ça lui rapporte le maximum. Cela dit, la plupart des producteurs souhaitent dépenser le moins d'argent possible, et c'est compréhensible. Je dois dire que les producteurs qui dépensent le plus d'argent ne sont pas, de loin, les meilleurs."
Puis il illustre ses affirmations... :-)
Et une dernière sur la critique:
"Il faut bien établir que la critique, quelle que soit l'honnêteté ou la malhonnêteté de celui ou celle qui la rédige, est le résultat d'une sensation à un moment déterminé d'une personne qui a la possibilité de la faire connaître. C'est ça, et rien d'autre. Il y a plusieurs cas de figure,
(quatre en fait):
1-Le succès est à la fois critique et public. Vous vous dites: "Voilà, ça y est, je suis vraiment fort.
En route pour l'immortalité".
2-Le succès est public, mais pas critique. Vous vous consolez d'une certaine amertume.
3-Le succès est critique, mais pas public. Cela vous donne une excuse auprès des financiers.
Le réalisateur peut dire: "Vous avez mal lancé le film". Le producteur, dans les dîners en ville, peut ne pas paraître trop ridicule. Il a perdu de l'argent, mais il n'a pas fait un navet.
4-L'échec est critique et public. Le cinéaste est alors obligé de faire un examen de conscience, à l'issue duquel il se persuade soit qu'il s'est trompé, soit que tous les autres se sont trompés. Dans le second cas, il y a simplement une erreur dans le temps: "On en reparlera dans dix ans".
Parfois, c'est vrai, et cela peut durer autant d'années qu'il le faut pour qu'un film soit reconnu. Cela peut arriver; de même, des films portés aux nues peuvent paraître de pauvres choses vingt ans plus tard. En général, les producteurs et réalisateurs préfèrent que le film marche, même avec une mauvaise critique, que l'inverse. C'est tout bêtement un problème de survie.
(...)
C'est comme ça du début jusqu'à la fin du livre.
Une leçon sur le cinéma et la vie, par extension naturelle d'un talent inné, livrée de manière personnelle.
Précieux et rare, sans maniérisme.

vendredi 11 avril 2008

Ô vous, les plombiers...




Ah ces chers dentistes dont on ne saurait se priver tôt ou tard,
plombiers de la dentition, sorciers de la mâchoire.
Je vous aime tant, vous qui aimez mes dents,
à un point tel que votre facture, me ronge les sangs.

Vite tâtez-les moi, je ne puis attendre plus longtemps!
Dardez-donc votre mini-pic sur mon émail,
Pour qu'il résonne en moi jusqu'aux entrailles.

Qu'il est bon pour vous de sentir l'or et l'argent,
Sur le dos des assistés et des enfants.
Bassesse et lâcheté de l'argument!
Pénaliser les petits et les démunis,
en voulant maladroitement faire porter l'odieux par le gouvernement!

Moi j'appelle cela se plomber soi-même la gueule.

Au grand jour, contemplons votre véritable dentition de carnassier.
Ciel! Un requin!
On le voit tellement que vous perdez de l'argent, vous faites tellement pitié
dans votre toute dernière BMW, vos écrans LCD dans vos halls d'entrée, et l'armada d'hygiénistes à votre solde. Laissez-moi verser une larme.
Mon coeur saigne abondamment pour votre cause et je crois pas pouvoir m'en remettre, à moins de soins psychologiques urgents. Snif, j'en peux plus.

......

Oh messire Le Roi, l'abjecte dentition que vous avez! Dantesque!
Vite un curetage, on va vous nettoyer ça, oh les vilaines caries causant la mauvais haleine, je suis pas certain de pouvoir réparer tout cela, faudra peut-être extraire! Des ponts, apportez-moi des ponts, ah non faudra des tunnels en plus des ponts ah la la, je vous dis pas messire, vous devriez faire plus attention et vous brosser les dents deux, sinon trois fois par jour en plus de la soie dentaire à chaque demi-heure, pfff, quand j'en aurai terminé avec vous faudra se revoir dans un mois au plus tard et aux trois mois minimum par la suite, et ça c'est SI je peux tout faire, c'est pas garanti! Ah la la....

(...)

Vous êtes curieusement les experts supposés de la bouche, mais la vôtre exhale l'hyprocrisie et l'ambition financière foireuse sur le dos des plus faibles.
Bravo la gang! Vous êtes toujours aussi sympas, à $5oo. la dent...

Visa le noir, tua le blanc.
J'espère que le ministre Couillard restera ferme envers les dentistes.
Test de leadership ici.

mercredi 9 avril 2008

Dorénavant...

Sauf avis contraire, et quand le coeur m'en dira, j'adopterai les cotes de Médiafilm pour les critiques cinéma futures, à savoir:


1-Chef-d'oeuvre
2-Remarquable
3-Très bon
4-Bon
5-Moyen
6-Médiocre
7-Minable (j'aime ce mot)

Ainsi, mes futures critiques seront notées de 1 à 7 (quand ça va me tenter hein), pour ce que ça vaut, étant cinéphile critique subjectif, comme vous l'êtes tous et toutes.

Par exemple: "The White Diamond" se décerne la cote de 2: remarquable.
"La Nahanni" , c'est proche du chef-d'oeuvre documentaire méconnu, cote 2 aussi.

"Transformers" est no 7, minable. Comme le film québécois "Les Dangereux" : 7, minable.

Maintenant à propos de Médiafilms et ses cotes, qui ont bercé mon enfance et mon adolescence:
Si j'ai été majoritairement daccord avec leurs cotes 1-2-6-7, j'avoue l'avoir été moins avec leurs cotes 3-4-5 , zones grises prêtant le flanc à divergences et appréciations diverses.
J'ai vu des films qu'ils ont coté 3 que je trouvais bons sans plus no 4, et d'autres, cotés 5 que je trouvais bons cotés 4.

Vous voyez le topo, j'en suis certain.

Enfin bref, il semble que la zone vulnérable se situe dans le 3-4-5 , là où le débat peut faire rage.

Soyez les bienvenu(e)s, amoureux(ses) de l'art...

dimanche 6 avril 2008

Carte blanche à Horschamp




J'en suis encore totalement imbibé. J'ai pas rêvé niaiseux la nuit dernière, j'étais sur un nuage.
Dans le cadre de l'évènement "Carte blanche" à Horschamp(revue québécoise de cinéma) qui a lieu à la Cinémathèque Québécoise du 2 avril au 18 mai, le comité éditorial, composé d'André Habib, Nicolas Renaud et Simon Galiero nous a concocté des projections de films rares ou peu projetés. Une occasion unique de se régaler d'oeuvres fines et majeures, malheureusement trop peu appréciées.

Nicolas nous a fait une brève et intéressante présentation du programme en deux parties:

1-"La Nahanni" de Donald Wilder, un court de 18 minutes éblouissant (tournée en 35 mm/couleurs en 1962) et merveilleusement bien préservé, sur l'histoire d'un papy aux nerfs d'acier (Albert Faille-73 ans) voulant trouver de l'or en amont de la rivière du même nom, après 7 tentatives infructueuses ayant coûté la vie à de nombreux aventuriers habités par la même obsession.

Mais pas lui, on le voit donc naviguer et ramer sur cette rivière majestueuse et sauvage du Nord-Ouest Canadien. Il faut voir le visage déterminé d'un homme de cet âge sur grand écran, grimpant son bagage sur plus d'un kilomètre pour éviter une chute d'eau, reconstruire sa chaloupe à moteur et repartir en amont...Quand on est obsédé, on est obsédé. Un documentaire précieux et méconnu, teinté de tragédie, chapeauté par l'ONF. Un très bon montage et une musique du temps ajoutent au charme irrésistible de l'ensemble.
........

"Papy vieux fou, j'te l'avais dit...T'aurais mieux fait de rester dans ta chaise à te bercer au lieu d'aller t'éreinter sur cette rivière ben non, fallait qu'tu r'montes dans ta galère..."
(...)


2- "The White Diamond" de Werner Herzog, 2004, documentaire, format numérique, 100 min.

Suivant "Wheel of Time"(2003) et précédant "Grizzly Man" et " The Wild Blue Yonder" (2005), jamais documentaire n'aura porté un titre aussi juste: " Le Diamant Blanc". Car ça brille, c'est brillant comme une lumière intense.

Un Herzog Majeur, dont le suivant "The Wild Blue Yonder"(en filiation directe) servira d'écrin à ce joyau documentaire brut, qui le précède pourtant dans le temps. Celui-ci étant supérieur à celui-là à mon avis, dabord par la musique qui fait plus corps et âme avec l'image dans le Diamant, plus transcendante et enveloppante, moins redondante et répétitive. C'est dailleurs le même compositeur: Ernst Reijseger qui signe la musique des deux documentaires, mais qui se surpasse ici en ajoutant une dimension métaphysique aux images souvent d'une beauté rare et subjuguante. C'est tellement beau par moments, que ça devient comme une méditation aux yeux ouverts, le summum de la "médite" dans mon livre, mais ça c'est un autre sujet.

Bon, mais encore, de quoi s'agit-t'il au juste? De kessé ça raconte?

Ben ça commence avec une ouverture jouissive sur l'histoire de l'aviation avec force films d'archives magistralement orchestrés, avec narration du maître de sa voix posée et calme.( Ah le grand écran hier soir, programmation magistrale (bravo) de deux documentaires complémentaires que je vous souhaite de voir sur GRAND écran, ou une belle grosse tévé à cristaux liquides, mettons 42 pouces minimum :)


Puis coupure d'archives pour tomber dans le réel (assez abruptement) afin de nous présenter l'ingénieur aéronautique Graham Dorrington derrière sa nouvelle invention: un mini-ballon dirigeable pour survoler les forêts amazoniennes. Le film est dailleurs en majeure partie tournée en Guyane. Le personnage semble de prime abord un peu risible par sa folie d'inventeur voulant s'extirper de la gravité par une invention somme toute très discutable dans le domaine strict des transports: les mini-ballons aidés d'hélices motorisées, hyper-sensibles et capricieux au vent, et pour un usage très limité.

La poésie Herzoguienne ne tarde pas à s'installer par la suite, et Herzog nous prend la main en transcendant totalement son sujet tout en lui faisant ras-le-corps par sa sensibilité de cinéaste pouvant faire du macro autant que du panoramique d'ensemble. C'est sa signature unique dans la cinématographie mondiale. En fait, Herzog est un poète en mal d'héros, de personnages plus grands que nature.
La témérité stupide, versus le courage justifié. La ligne ténue qui définie le génie visionnaire du fou. Serait-ce une question de discipline et de volonté intelligemment appliquée?

Serait-ce que la suprême intelligence navigue toujours dans des eaux troubles pouvant la faire basculer dans la folie inconsciente? Great intelligences are not easy to deal with...
Qu'est-ce qui fait qu'une intelligence supérieure peut basculer et à l'inverse, s'élever?
Comment peut-on juste se maintenir à flots? Les manières de couler à pic ont été maintes fois répertoriées il me semble, mais comment peut-on s'élever de manière définitive?
Ces sujets me passionnent, ça doit être pour ça que je suis fan d'Herzog, mais pas fini.
("Rescue Dawn", c'est loin d'être majeur, j'y reviendrai dans une rafale DVD future.)

Il n'y a pas seulement la vérité extatique qui m'importe, et là je diffère un peu d'Herzog mais pas tant que ça, sauf cette nuance: The naked truth. La vérité nue, sans extase, elle existe.
Mais elle n'est pas unique je crois. M'enfin....

Revenons au film, sur grand écran Herzog donne au format numérique ses lettres de noblesse.
L'image est d'une précision chirurgicale, même dans les zones sombres. Ce qui conforte mon idée du: "Peu m'importe le format, c'est la main et l'oeil qui tient l'appareil numérique ou 35 mm qui importe". L'important est ce que l'on fait du format choisi. Le message importe cent fois plus que la méthode.

Le pseudo-débat du : "Le 35 mm restera toujours meilleur que le numérique, plus noble, plus sacré, plus profond" etc..., c'est dépassé quant à moi.

Le numérique sert admirablement bien le documentaire parce que plus près des personnages et du sujet, sans distanciation procurée par le 35 mm. Je m'avance en terrain hasardeux, je sais.
Le 35 mm met un voile, comment dire, un voile translucide qu'on ne voit pas, mais que l'on ressent à l'oeil, au visionnement par la profondeur de champ. Alors que le numérique COLLE littéralement au sujet, il fait corps et transmet l'image précisément telle que vue sur place.
Plus près de la réalité, donc prescrit pour un doc. Je juge pas le 35 mm ici, j'essaie de voir les possibilités, c'est tout.
Pour une fiction, faut voir la main qui tient les commandes, quitte à ajuster avec les logiciels disponibles. La main qui tient l'épée n'est pas nécessairement meurtrière.

Je citerai Claude Chabrol sur le débat en 2004, dans le bouquin "Comment faire un film":
"À mon avis, les nouvelles techniques sont encore assez mal contrôlées, en particulier le DV, dont je ne suis pas sûr qu'il soit idéalement au point pour qu'on puisse l'utiliser systématiquement.
Mais les frais qu'il entraîne sont bien moindres, et nous allons sans doute aboutir à trois formes de cinéma: un cinéma à jeter, un cinéma réalisé traditionnellement avec caméra et pellicule, et un cinéma DV."
J'ajouterai que le numérique se rapprochera de plus en plus de l'effet recherché par un cinéaste.

Dans le cas de "The White Diamond", j'avoue avoir eu affaire à une transcendance du sujet malgré le format. C'eût été en 35 mm, mon opinion n'aurait pas varié.
La beauté des images numériques dans ce cas-ci sur grand écran n'a en aucun cas altéré mon appréciation générale du film au contraire, ça m'a bercé et soufflé comme un gaz hélium. C'est un faux débat, le 35 mm versus le numérique. Je le répète, c'est la main et l'oeil derrière le format qui compte, et c'est à voir dans ce cas absolument remarquable.

mardi 1 avril 2008

Sur l'emploi ou la "job", en québécois.

Ceux et celles qui peuvent se permettre de dire:

"Mon emploi n'en est pas un, c'est une distraction obsessionnelle" sont choyé(e)s, même si ça ne leur offre que la survivance matérielle, car la véritable liberté n'a pas de prix et demande des sacrifices.

Par mon observation personnelle, cette affirmation est étrangère à la plupart des gens.