dimanche 23 janvier 2011

Black Swan

 
(USA-2010)Thriller psychologique de Darren Aronovsky
(The Wrestler,Requiem for a dream)
avec Natalie Portman, Mila Kunis,Barbara Hershey,Vincent Cassel et Wynona Rider.

Pas exactement le film destiné aux fillettes se voyant danser Casse-Noisettes
sur le nuage de leurs rêves. Oh non.
Tragédie filmique dépeignant l'envers du monde de la danse professionnelle
sous plusieurs aspects en poussant l'exemple à l'extrême à travers le personnage
de Nina(Portman), ballerine lumineuse de talent mais insécure et fragile mentalement,
devant en plus s'affranchir d'une mère envahissante(Hershey) et surprotectrice
dans un environnement peuplé de vautours féminins ultra compétitifs,
sous la tutelle d'un directeur macho sophistiqué et ambigu(Cassel).

Aronovsky en fait beaucoup, parfois trop dans sa démonstration
par moments manipulatrice et poussive.Malgré cette réserve
j'ai beaucoup aimé ce film habile,fort et imprévisible.
Culotté même.
Peu de détails sur la douleur subie nous sont épargnés par
les sacrifices du corps et de l'âme qu'exigent cette profession
qui vous bouffe tellement une jeunesse qu'à trente ans t'es vieille,
finie; remplacée par une plus jeune, plus fraîche, plus légère.
Un monde implacable admirablement décrit.
La danse,exaltation absolue du corps voulant s'envoler à tout prix,
sur le bout des orteils des heures durant.
La recherche de la perfection et de la beauté pure, sans relâche.
Corps et âme tous entiers, entièrement dévoués.

C'est donc l'histoire de Nina se voyant confié le double rôle
de la Swan Queen(Blanc et Noir, grâce et virginité versus sensualité terrestre)
après l'éviction polie de Beth(Rider), première danseuse vieillissante.
Cela ne se fera pas sans heurter quelques sensibilités,Nina la première.

Prédiction: Natalie Portman, Oscar de la meilleure actrice 2010.
Tiens Natalie, elle est à toi cette statuette pour ce qu'elle vaut.
Ton interprétation va bien au-delà. Performance physique
et spirituelle renversante de sensibilité. En un sens elle porte
ce film sur ses épaules. Poids lourd en passant, avec mise en scène relevée.
Elle a dû souffrir un bon coup pendant ce tournage
pour être à ce point ballerine incarnée. Elle est magistrale.
Ses douleurs et plaisirs sont palpables à l'écran,
son insécurité permanente, sa paranoïa,
je les ai vécues par elle à travers l'écran.
En ce sens elle le perce.
Mon opinion.
La scène finale en Black Swan est anthologie.
It is perfection, she is perfect in that scene.
Mise en scène originale, scénario intelligent, belle trame sonore,
caméra virtuose épousant les mouvements de la danse
et son énergie intrinsèque, fallait le faire.

C'est fait.
Par Darren Aronovsky.

                                                          

8 commentaires:

Laure K. a dit...

salut Yvan !

J' ai vu la Ba, effectivement ça m'a un peu scotché, les coulisses de l'opéra façon dark et complots mais pas façon Showgirls de Verhoven (un flop pour ma part) ni façon Dancing Machine, avec A.Delon/P.Dupond (typologie du film policier qui se passe dans un lieu comme euh, tiens l'opéra des petits rats, du cousu main ! Autre flop pour ma pomme)

Celui-ci m'a tout l'air d'un grand et fort bon drame avec enjeu ou le milieu de la danse n'est pas qu'un prétexte à une intrigue, ta critique ne m' en donnes que plus de piments !

Je m'attends quand même à suer parce que son "Requiem for a dream", gloups ! ...

Yvan a dit...

Salut Laure,
toujours un plaisir
de causer cinoche avec toi.
D'Aronovsky je n'ai vu que
The Fountain à part celui-ci.
Je trouve Black Swan beaucoup
plus maîtrisé et achevé en comparaison.
The Fountain est captivant
pendant les deux premiers tiers
pour partir en couille dans le dernier droit qui foire lamentablement quant à moi.
Showgirls de Verhoeven est un série Z porté aux nues.
Difficile de parler davantage
de ce Cygne Noir sans vendre
quelques punchs.Wynona Rider
est forte aussi en ange remplacé
et Mila Kunis ne donne pas sa place
en alternative de Portman.

Le film m'habite encore aujourd'hui
au lendemain de son visionnement.
C'est une belle réflexion sur la
solitude de l'artiste que l'on place au sommet.
La solitude vécue et la pression exercées sur le ou la "meilleur(e)"
des artistes est profonde,
peu importe l'époque.
C'est abyssal et le film est
brillant sous cet angle.
L'obsession du dépassement de soi
est ici portée à son paroxysme
sous la loupe Aronovosky.
Me faut voir ce Requiem maintenant.
;)

Laure K. a dit...

merci, plaisir aussi de parlobloguer cinéma avec toi !

Le "Requiem for a dream" fait parti de ces films que ma sensibilité a vraiment du mal à supporter, un peu comme les films de Lars Von Trier... ils ont un certain génie, je le reconnais, mise en scène et en images
(DOGMANN) mais je ne tiens pas le choc face à ça. Même l'impression de me faire violer émotionnellement par la violence, à l'écran, you see ?
C'est intéressant d'ailleurs cette capacité que l'on a face à l'image, certaines violences dans un film ne me dérangent pas, au contraire elle sont presque jouissives et catharthiques mais d'autres me mettent carrèment les foies à l'envers !

Requiem for a dream est ... puissant, hâte que tu me renvoies ton sentiment à son sujet.

Yvan a dit...

I see et je comprends.
Très cool cet échange Laurie.
J'apprécie beaucoup.
Intéressante ton analogie
Aronovsky/Von Trier.
Sans être un inconditionnel
de l'un ou de l'autre le premier m'apparait un peu comme la version américaine du deuxième.
Danois versus américain
avec une palette de couleurs
et sensibilité communes en quelque
part dans leur manières et leur
vision de la vie.Ils se rejoignent
je trouve.

C'est frontal et direct
dans le cas de Black Swan.
C'est la froideur du constat
implacable,absurde et dur
de toute vie vécue par un individu
dévoué à une cause sans exclure
le romantisme et l'émotion,
au contraire c'est l'apologie
de la beauté et de la folie
géniale en un sens.

Je préfère cependant Von Trier,
il a encore plus de talent comme
cinéaste et une filmographie
plus volumineuse à mon avis
mais son Black Swan l'élève,
accule l'esthétique Von Trier
au mur tout en le narguant
de belle façon en déléguant
le fardeau sur les épaules
d'une actrice.
Natalie Portman dans Black Swan,
Björk dans Dancer in the dark,
ou Emily Watson dans
Breaking the waves.

Sois assurée que je te reparlerai
du Requiem une fois vu.
Take care, dear.

Yvan a dit...

Il y a évidemment beaucoup plus
à dire sur ce film mais je me retiens d'en révéler trop.
Ce serait trahir le plaisir
du futur spectateur éventuel.

Laure K. a dit...

en l'occurence une spectatrice !

je vais aller voir ça...on pourra en rediscuter plus longuement !

anne des ocreries a dit...

ça semble drôlement noir, comme film, non ?

Yvan a dit...

Bien sûr Laure!

Oué Anne,il porte bien son titre.