mardi 15 janvier 2008

Du mot "Maniéré" et de la langue Française.

Le "maniérisme" en art pour moi, c'est un manque de "distanciation humble" de la part du créateur, caractérisée par une signature trop grande qui déborde le cadre. Ce qui veut pas dire la renier, on s'entend. Il faut la laisser prendre sa place pour se reconnaître, sans qu'elle prenne tout l'espace et aveugler.

Ainsi le mot "maniéré" se définit comme suit:

1. Qui montre de l'affectation, manque de naturel ou de simplicité. V. Affecté, poseur.
"La société maniérée qui a des nausées devant le peuple" (Maupassant).
Politesse maniérée.

2.(Art). Qui manque de spontanéité, est trop recherché. V. Apprêté, précieux.
"Les talents maniérés ne peuvent éveiller un intérêt véritable" (Delacroix).
Style, genre maniéré. V. Maniérisme. Antonyme: Naturel, simple.

Le mot maniérisme est tout aussi intéressant à lire dans le Dico Robert.
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J'adore cette langue et ses régionalismes; elle est si belle, sophistiquée, difficile, poétique, chantante, raffinée. Ça serait tellement triste que dans 50 ou 100 ans, le français ne soit plus qu'un dialecte de chaumières en Amérique du Nord, au Québec. Quand je lis ce qui s'écrit ces jours-ci à propos de la difficulté d'être servi en français à Montréal dans les commerces ou l'aéroport Trudeau, ça me frustre et m'attriste. Si cela se reproduit dans mon cas comme c'est déjà arrivé par le passé, non seulement je quitterai le commerce, mais je leur signifierai ma frustration. De vilains mots seront possiblement prononcés.
Je favorise donc l'esclandre le cas échéant, mais faudra voir.

Que l'on me comprenne bien: j'ai aucun problème avec l'anglais entre moi et un individu, ou des individus entre eux, ou voir des films en langue ouzbek ou pachtoune sous-titrés(je préfère aux traductions); mais dans un commerce ou un service public au Québec, pas d'accommodement possible.
No-fucking-mercy. Les québécois sont les plus bilingues du Canada alors que l'on m'arrive pas avec l'argument du péquenaud borné.
Lucidement à long terme cependant, sans vouloir être pessimiste, je crois bien que le français va disparaître progressivement; dabord Montréal, puis le Mtl Métropolitain, Québec et les régions résisteront plus longtemps. Nous sommes le village gaulois d'Astérix, version Amérique.
On est un certain nombre, mais on a pas de druide.
Il nous faut un druide.

Anecdote:

Une américaine avec qui j'ai joué une partie d'échecs sur internet, un jour m'a dit:

"So you speak the language of love, so cool." (!) Yes, I spique the language of leuve...

Ouais dear, le language de l'amour; (toujours l'amoûûr), on en est les fiers dépositaires, nous francophones :)))
C'est exotique en général pour eux, le français.
J'espère simplement que nous, francophones d'Amérique, ne deviendrons pas une relique "exotique" dans 100 ans...

4 commentaires:

Antoine a dit...

D'une part, je pense que si le Québec ne devient pas indépendant et ne prend pas pleinement en charge l'immigration, le déclin sera très rapide.

D'autre part, on ne pourra jamais revenir au même niveau qu'à l'époque du cours classique. Je pense que là-dessus il faut faire notre deuil. Comment un jeune pourrait-il aussi bien écrire en étudiant l'anglais et le bricolage plutôt que le latin et les auteurs classiques. Impossible. Moi, je compare Charest et Parizeau et j'ai une preuve suffisante.

Yvan a dit...

Bien daccord Antoine :)

La ministre St-Pierre a dit:
C'est aux citoyens d'affirmer leurs droits.
Pauline Marois a dit: Nous sommes trop accomodants, il faut renforcer la loi 101.
Paul Arcand a dit: Quittez un commerce qui ne vous sert pas en français.
Joseph Facal a dit: les québécois n'aiment pas assez leur langue.
Gérald Larose a dit auparavant:
Faites-en une esclandre, du non-respect de la langue française au Québec.

Je dis: toutes ces réponses, avec un renforcement majeur de la loi 101 d'une part et une loi dentaire sur l'enseignement du français d'autre part. Mais à voir la qualité du français parlé et écrit des jeunes(sauf exceptions et sans vouloir me poser comme LE professeur),je désespère mon ami.

L'état du français parlé et écrit est navrant au Québec en général.
Tu es bien placé pour le savoir, toi qui fait face à la horde virtuelle, et moi qui le constate sur la route à tous les jours.

Yvan a dit...

Ben tu vois, j'ai fait une faute.
"Toi qui fait face..."
Il fallait lire: Toi qui FAIS face... :)

Simon Dor a dit...

N'oubliez pas que le français tel que nous le connaissons aujourd'hui est plutôt récent. Hormis l'ajout constant de nouveaux mots, "officialisés", syntaxe et orthographe se modifiaient avant qu'on ne les fige (à la fin du Moyen-Âge je crois pour le début d'un essai de stabilisation légale). Ça a pris du temps avant que ça fige pour vrai. Je ne crois pas qu'on puisse empêcher le français d'évoluer, en fait. Mais, ça m'étonnerait qu'on se "fonde" dans l'anglais. On a plus de chance de se fondre dans un langage joual qui manque de richesses d'expression.

Je ne crains pas la disparition du français, je crains plutôt qu'on ne se mette à parler trop différemment le français que d'autres [au sein même du territoire du Québec]. Mais je ne crains pas les "dialectes" locaux (ex: expressions québécoises, tchatch & verlan, etc.). Je crois qu'elles peuvent enrichir la langue et créer une cohésion dans la communauté qui, dans certains cas (dont le nôtre en Amérique du Nord, ou le cas des banlieues françaises), est nécessaire à sa survie notamment linguistique.