lundi 20 octobre 2008

Festival Nouveau Cinéma-Suite et Fin

4e film:


"Nuit de Chien" -Werner Schroeter(France-Portugal-Allemagne)

Adapté du roman "Para esta noche" de l'écrivain uruguayien Juan Carlos Onetti.

Je connaissais ni le réalisateur allemand ni cet écrivain.J'ai pris une chance en lisant la description favorable dans le catalogue du festival.C'est l'histoire d'un général défait, revenant dans sa ville livrée au chaos d'une guerre civile dans un pays imaginaire(vaguement latino)pour y retrouver la femme de sa vie, mystérieusement disparue afin de fuir avec elle.

Sans doute le bouquin vaut la peine d'être lu mais le film d'être vu hmm...Ni raté ni réussi. Drame baroque très noir et sans espoir offrant de belles réflexions sur le fachisme mais péchant par excès de provocation gratuite(violence envers certains personnages féminins) en plus de certaines incohérences dans le scénario malgré une mise en scène imaginative. J'ai pensé à du Fellini ultra-dark en moins talentueux. Assez misogyne dans la représentation de la femme en temps de guerre.



Choix de musique discutable qui souligne parfois inutilement la grandiloquence de certaines scènes, même si le film a exercé une étrange fascination chez-moi lors de la projection. Bref les cinéphiles risquent d'aimer ou détester.Ni l'un ni l'autre dans mon cas. S'il y en a qui l'ont vu, vos comms seraient appréciés. Ovni bizarroïde et très discutable.




5e film:




"Eldorado" - Bouli Lanners (Belgique)




Sur une suggestion de Denis Côté.
Je retranscris sa description qui résume bien ce très beau film :


"Les quelques chanceux à avoir vu Ultranova, le premier film de l'acteur
Bouli Lanners,gardent en mémoire les airs désenchantés d'une Wallonie
bien froide et paumée.Lanners nous y ramène et chuchote qu'Ultranova
était peut-être le brouillon d'Eldorado,plus assuré,drôle,charmant.
Yvan a les allures d'un ours mal léché. Il est dealer de voitures.
Dans les premières minutes du film, il surprend Elie en train de cambrioler
sa demeure.Pourtant il ne lui casse pas la mâchoire.
Au contraire, il se prend d'une improbable affection pour ce jeune
héroïnomane sans avenir. Secrètement, chacun caresse l'envie d'aller voir
ailleurs, et c'est une vieille Chevrolet qui servira de décor à cette
poésie punk et bricolée. Eldorado avale les kilomètres d'un cinéma
à bonne hauteur, tendre, et qui témoigne de la constante vitalité
du cinéma belge. Attention: peut contenir Alain Delon à poil!



Ouais tu l'as dit. La scène du tout-nu est hallucinante, je m'en tenais les côtes de rire.("Bonjour!"). Un ours mal-léché et un héroïnomane aux airs de chien battu qui vont tranquilement bouffer du bitume et faire des rencontres improbables comme la vie dans ce road-movie belge teinté d'américanité. Irrésistible comédie aigre-douce et contemplative juste ce qu'il faut. La rupture de ton sur le frère décédé est drôlement bien maîtrisée.

Le "Road Movie" est en même temps: piège et terreau fertile. Lanners en a fait un film très rafraîchissant,original, drôle et tendrement amer.La beauté des images captées en roulant...

Le jeu naturel des acteurs, le scénario imprévisible. Ce film ressort nettement du lot dans le genre. Beaucoup aimé et j'étais heureux d'enchaîner ce film à la noirceur du précédent.




6e film:


"Entre les murs" -Laurent Cantet-France.




Palme d'Or à Cannes cette année, heh.
Brillante réussite de réalisme qui dépasse les étiquettes telles:
Docu-fiction, exercice de style,cinéma social, tellement ce film
vous submerge de toutes parts par la vérité lumineuse qui s'en dégage
du début jusqu'à la toute fin à propos du système éducationnel
des pays industrialisés et de la difficulté d'être professeur en 2008 et au-delà.

Le film est tiré du roman du même nom de François Bégaudeauqui y joue le rôle principal
avec une conviction et un naturel sidérants) relatant son expérience de professeur de français dans un collège public de niveau secondaire à Paris.Leçon de cinéma magistrale doublée d'un document pédagogique universel sur l'art d'enseigner. Pourquoi?
Parce que le spectateur est littéralement entre les quatres murs de cette classe
tellement c'est bien filmé et naturel.
Proche, témoin privilégié des enjeux houleux entre élèves et professeur, la vie scolaire telle qu'elle est et encore plus. L'exemple parfait d'un mariage caméra-vraie vie.
Le film réussit le défi ultime de l'effacement de la frontière "écran-spectateur".
Comme spectateur, j'étais SUR PLACE.
Excessivement rare.

J'ai un ami professeur ici au secondaire en musique. Il va flipper en voyant ce film, ça va le bouleverser de voir sa vérité professionnelle à lui, constatée et validée par un cinéaste et un professeur français qui excellent tous les deux dans leur domaine.
Le film va bien au-delà en apportant une dimension supplémentaire sur l'amour de la langue française maîtrisée tel que souhaité par le prof et contesté par plusieurs élèves à l'ère cellulaire et internet. Les jeunes me semblent plus dissipés,distraits et moins disciplinés qu'à mon époque
plus homogène et moins métissée.C'est bien différent en tout cas. Nous étions plus disciplinés, mais quand on pétait les plombs c'était la classe en entier, pas juste quelques-uns.
C'était l'anarchie totale en l'absence ou la présence du prof. Pif.
Ça durait brièvement mais intensément, ensuite on se faisait punir avec rigueur.
Nos rébellions étaient ponctuelles, brèves et fulgurantes.
On foutait le bordel une fois par mois(des fois plus) puis on rentrait sagement dans le rang.


"Aille lé gârs, on vire la classe à l'envers!" :-)

Aujourd'hui l'indiscipline semble plus diffuse et en tout temps mais en moindre mesure.
Faut dire à ma décharge que j'étais un élément perturbateur malgré mes bonnes notes :)
J'étais rarement le général en chef, mais un excellent lieutenant en tout temps
dans la rébellion contre l'autorité. Je doutais déjà tout jeune,
même de l'autorité supposée en état d'anarchie.
Je crois qu'il existe toujours un leader, que ce soit dans l'ordre ou le chaos.
Les êtres humains ont absolument besoin d'être dirigés et éduqués. Vers quoi?
Cette réponse vient avec le temps pour chaque individu, mais la base c'est la base.
La fondation d'un bâtiment est peu discutable.
There goes the Youth World in 2008.
J'ajouterai que les élèves dans le film ont la CHANCE
d'avoir un excellent professeur avec eux, c'est loin d'être le cas partout.
S'il y en a pour trouver ce film déprimant
(en dehors du fait qu'être prof aujourd'hui c'est drainant),
je leur répondrai que c'est pire dans bien des cas.

C'est ce que ce film nous dit et c'est à ne rater sous aucun prétexte.
Entre les murs se passent des choses dont on a peine à s'imaginer parfois.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

également aimé ELDORADO, très bien fait. La finale simple et efficace reste en tête hein ?

Yvan a dit...

Ouais il est cool ce Bouli Lanners.