jeudi 30 décembre 2010

Pierre Falardeau (2)

L'ai vu hier en compagnie d'une amie cinéphile.
Sa présence à mes côtés m'a réjoui, j'étais heureux
de voir ce très bon documentaire avec elle.

Voir un film -dont on a lu du bien- en bonne compagnie
est un bonheur qui se poursuit au sortir de la salle avec l'échange
mutuel qui s'ensuit.On peut partager à vif nos interprétations
respectives de l'immersion visuelle et sonore
que l'on vient tout juste d'expérimenter.
Très agréable exercice.

J'crois bien que l'Pierre eût été gêné de s'y prêter.
Il aurait peut-être réagi ainsi en penchant la tête:
"Boah, ché pas si ça valait la peine d'en faire
autant su' mon cas".
Eût-il dit souriant, tout en se la grattant...
Sa voix me manque au point de lui prêter
d'hypothétiques paroles maintenant.


Si le film de ta vie est terminé et que t'as fait
ton boutte de chemin, il nous reste tes oeuvres
filmées, écrites et parlées mon vieux.
À nous de poursuivre le combat vers
l'hypothétique indépendance du Québec.
C'est une histoire à laquelle tu t'es dédié
corps et âme. Je m'en souviendrai.
Même si notre pays n'est pas la panacée
à la bêtise. Au moins nous pourrions dire:
Ce sont NOS crétins, NOTRE merde!

Bien que je n'aime pas tous ses films, je suis davantage
fan de l'écrivain et inconditionnel de l'homme.
Libre, entier, debout, droit, authentique, ayant pris
position très tôt et l'assumant jusqu'à sa mort.
Qualités rares en cette époque de conformisme servile
et d'opportunisme crasse à tous vents, malgré tes quelques dérapages
verbaux et besoins alimentaires,faute de pouvoir tourner
et travailler comme tout homme le voudrait.
Un rocher inamovible dans la bouette de notre mollesse collective
politique, glissant sur la glaise de nos hésitations séculaires
du: "Je veux être moi-même dans une famille étrangère"
ou du: "Nous sommes victimes de colonisation alors
vous nous devez tant d'écus, chers maîtres".

Toi qui nous a tant aimé, sans nous varloper assez.

C'est là notre différence mon cher.
Tu as dit dans ce documentaire:
"Nous nous sommes tirés dans l'pied"
en référence aux deux référendums perdants
sur la souveraineté du Québec.
Très poli de ta part comme constat.
Je t'en veux pas de l'amour inconditionnel
que tu nous portais au contraire,
mais j'irai plus loin en constatant la pleutrerie
des nôtres lors de ces deux votes.
Oui les nôtres, câlice.

Je peux pas en vouloir aux immigrants
ni aux anglais d'avoir voté NON
aux référendums.
Les premiers débarquent au Canada,
non pas au Québec. Je peux pas en vouloir
à des étrangers fuyant l'instabilité politique
de leur pays d'origine de voter pour une autre instabilité,
fût-elle passagère. Chat échaudé craint l'eau froide.
Non plus que je ne peux en vouloir
aux fidèles serviteurs de sa majesté
la reine pour leur refus congénital du changement.
Eux vivent sur la planète fédéraliste
loyale à la couronne d'Angleterre.
La planète Mars. Libérale.
Ça tombe bien, elle est rouge et à droite.

Iouston Quebec has a message
for them indeed:
"May you take all the red rocks you find
on your sterile soil and shove them up your red neck ass".
Happy New Year, fuck heads.

Hey you, Ralph Klein from Alberta planet.
Have a drink, red potatoe.
Brown oil nose.

Qui reste-t'il donc pour la cause souverainiste
me demanderez-vous?
Nous, justement. Les francophones de souche
qui auraient pu faire la différence si
un autre 5% d'entre eux eurent voté OUI
au dernier référendum; ce sont ces poltrons
les véritables responsables de la dernière défaite
et du statu quo régressif actuel.
Jamais je leur pardonnerai.

Il me faudra donc les débusquer.
Je vais mettre deux hommes là-dessus
afin de les châtrer comme il se doit.
Couillons!
Quiconque me rapportera un québécois
francophone ayant voté non au dernier référendum
se verra remettre un chèque de $100. en caoutchouc
et une paire de billets pour le prochain spectacle
de Céliiiiine Dion ou un match de hockey
au centre Bell. :-)
Je suis pas passéiste mais progressiste.
Non mais.
Bon.
Allons de l'avant.

Parlons de ce documentaire si vous le voulez bien.
Du beau travail de German Gutierrez et Carmen Garcia,
qui ont dû se taper des centaines d'heures d'archives.
Chapeau tiré pour la synthèse, le montage fluide,
rythmé, jamais ennuyant et qui suit très bien l'évolution
de la pensée Falardienne à travers les années.
Ils ont choisi pour la plupart des extraits significatifs
représentant l'homme-cinéaste-écrivain.
Évidemment j'aurais pris un peu plus de ceci:
chez Pivot, chez Arcand, chez Bombardier(ben oui,pour l'antagonisme)
et un peu moins de cela: Gratton 3, quelques passages
où Falardeau répète le message de sa vie mais bon ce sont des détails
comparé au manque de détracteurs articulés pour ainsi véritablement
nommé ce film "documentaire".
D'où mon appellation dudit film: "portrait" parce que...
Parce que, cibouère.C'est difficile à expliquer en mots.
À mon avis, ils se sont laissés un peu prendre
d'affection, pas assez détachés de leur sujet, c'est pas un reproche.
Moi-même je me suis pris d'affection pour Pierre Falardeau.

Une telle authenticité chez un être humain
ne peut me laisser totalement objectif et sans affect,
surtout lorsqu'on embrasse sa cause.

Tout en affirmant quelques critiques par interlocuteurs
interposées le film n'affiche ou ne donne cependant pas d'opinions
contraires aux convictions du cinéaste dépeint afin de bien illustrer
les antagonismes politiques en jeu.

C'est assez affectueux dans l'ensemble.
Je le demande: comment ne pas être affectueux
envers un être aussi attaché envers son peuple
d'une manière aussi articulée et sans concessions.
Combien de fois verrons-nous de notre vivant
une personne aussi militante(et non pas nationaliste,nuance)
pour la cause de l'indépendance à gagner d'un peuple.
Combien de fois verrons-nous de notre vivant
un être aussi vibrant ici?

Falardeau a livré tant de témoignages,
donné tant d'entrevues télévisuelles
qu'un autre documentaire pourrait presque
être fait demain.
J'ai enfin, enfin su comment il a pu
tourner "Le Temps des Bouffons"
en crissant sa caméra drette dans
la bourgeoisie arrogante et festoyante.
Sans vendre le punch c'est une conjugaison
d'amour à peu de frais, gratuitement pour nous.

Pis la critique Mourialaise du Plateau tsé,
des fois là bof, qu'elle vienne voir un peu...
Par ici des fois, si son nez en l'air accroche
dans les filets de la mer créatrice qui lui
échappe...

"Le temps des Bouffons" est une des trois meilleures
critiques sociales filmées à vie à mon avis,

Falardeau ayant eu une formation d'anthropologue.
Le 25 septembre de chaque année
lui appartient désormais.

La fin du documentaire est assez émouvante merci.

Bref, ;-)
on a bien aimé tous les deux.

4 commentaires:

s.gordon a dit...

Évidemment, j'ai pleuré.

J'allais pas là pour être objective, fuck off. J'allais là pour me faire plaisir, et j'ai accueilli chacun des plans avec un intérêt innommable.

Merci Gutierrez, Garcia.

Salut Falardeau.

Et bonne année, Yvan.

Yvan a dit...

:-)
Sa compagne Manon Leriche,
je l'aurais écoutée pendant
de longues minutes.
Lumineuse amie.

Bonne année à toi Sandra.

gaétan a dit...

Je viens de prendre connaissance de la sélection du festival du film dans ma région et le documentaire sur Pierre Falardeau s'y trouve. Il fera sûrement partie des films que j'irai voir.

Yvan a dit...

Tu ne le regretteras pas Gaétan,
c'est un excellent documentaire
et bonne nouvelle:
suite au succès du film au
cinéma Dauphin il prendra l'affiche
bientôt dans plusieures salles
au Québec.

L'extrait avec Paul Arcand est
impayable,ça vaut cent piasses.
;)