mardi 10 août 2010

Trois temps après la mort d'Anna





Écrit et réalisé par la cinéaste québécoise Catherine Martin 
dont c'est le troisième long-métrage après Mariages(2001)
et Dans les villes(2006).

Après la mort tragique de sa fille unique
Anna,retrouvée assassinée par un inconnu,
Françoise se réfugie dans la maison
de ses ancêtres maternels en Kamouraska
pour y vivre seule son deuil.
Son chagrin est intense, profond.
Sa vie n'ayant plus de sens elle rencontrera
cependant un homme bienveillant
qui la secourra, in extremis... 

En dire plus gâcherait un peu le plaisir.
J'en ai eu beaucoup lors de ce premier
contact avec l'oeuvre de Catherine Martin.

Comment vivre après avoir perdu un être cher?
La perte d'un fils ou d'une fille unique
est probablement la plus grande peine
que peut subir un être humain.
N'est-ce pas un impact qui s'apparente un peu
à l'annonce de sa propre mort prochaine
pour cause de maladie incurable?

Par analogie,
un tel deuil ne ressemble-t-il pas un peu
à un infarctus spirituel où une partie
de notre coeur meurt à jamais?
Aucun père ni mère ne veut survivre
à la mort de l'un de ses enfants.
On préfère ne pas y penser en occultant
cette possibilité qui déjoue les statistiques du temps,
cet ennemi commun.
Pourtant elle frappe, n'importe qui
n'importe quand. La Faucheuse,
confortablement assise dans sa chaloupe
sur sa mer noire à elle, tendant sa ligne
au-dessus de nos têtes sans discrimination.
C'est une pêcheuse très douée,
elle rapporte du poisson chaque jour
en quantité.
Que reste-t'il après, sinon l'art
et la solidarité entre les êtres
pour aider à mieux vivre
et donner un sens à l'absurde?

On aura compris que la mort me fascine
autant que la vie, les deux m'étant indissociables
en permanence.
Entre les deux je dépose délicatement l'art
sous toutes ses formes afin de mieux vivre.
C'est le genre de réflexions qui me sont venues
à l'esprit après le visionnement de presse
auquel on m'a gentiment convié hier matin,
tout en croyant aussi que c'était le message
subtil de la cinéaste envers le spectateur.
Très délicat de sa part.

Concision personnelle maintenant:

Drame intimiste au rythme lent
qui respire profondément et sobrement.
Andante contemplatif ma non troppo.
Dialogues rares et clairsemés de manière significative;
musique quasi absente, sauf en deux endroits
autres que la très belle scène d'ouverture
sur un extrait du quatuor no 15 en la mineur
de Beethoven. Excellent travail sur le son
et la direction d'acteurs...Très talentueuse
Guylaine Tremblay qui porte en elle
une bonne partie du film tant par l'abîme
de douleur exprimé sans mots et son jeu
que par le regard personnel porté par la réalisatrice
sur le deuil et l'art probablement salvateur.
François Papineau joue Édouard sur la même tonalité,
en accord avec tout le reste du film. Sobrement.
Le film n'est pas parfait, mais le rendu à l'écran
porte définitivement une signature.
Celle de Catherine Martin.
Un film nécessaire et de grande qualité,
prenant le temps d'exprimer son interprétation de la mort,
du deuil et de la perte que seul l'art
et un retour aux sources subjectif et personnel
à chacun réussit peut-être à combler.
  

Distribué ici par K-Films Amérique,
le film prend l'affiche en salle
ce vendredi 13.

1 commentaire:

anne des ocreries a dit...

L'extrait est bouleversant, le film a l'air très fort, ça me donne envie d'aller le voir ! j'espère qu'il passera par chez moi !