dimanche 20 juillet 2008

Léon, Coco et Mulligan

(À Christian, l'hyper-sensible qui "anxoisse".)
Je lis pas assez de livres, mais dans le mien en résumé,
il y a trois catégories:
-La primaire flatte et divertit sans conséquences,
participant à l'abrutissement de l'individu et le
ramollissement de son cerveau.
-La secondaire divertit et fait un peu réfléchir.
Ya mieux, ya pire.
Lecture d'été légère comme une sangria, faisant
tout de même son effet.
-La tertiaire marque, laisse à jamais sa trace en vous et
participe à votre évolution: intelligente, spirituelle, raffinée.
Je ne crois pas être racoleur en affirmant que son
dernier roman navigue aisément dans cette dernière.
J'ai lu son premier: "Vamp", en 1983 si ma mémoire est bonne.
"Destroy-flamboyant-punk-magnifique". J'avais dévoré.
Talent d'écrivain majeur dans notre paysage,
malgré sa suffisante jeunesse un peu trop consciente
de son talent.
Puis j'ai lu son dernier susnommé, suite à des échos positifs.
Entre les deux, un vide sidéral d'une vingtaine d'années,
causé par des commentaires acerbes et revanchards
d'écrivains-"wannabes"-déguisés-en-journalistes
sur un être houleux d'une part, et mon détachement personnel
de la vanité apparente du personnage d'autre part.
J'ai mûri pendant cette période, lui aussi manifestement.
On a environ le même âge.
J'ai lu LCM presque d'une traite, tellement l'écriture épurée
coule de source. C'est d'un naturel remarquable.
Il y a une rupture de style étourdissante
d'avec son premier ouvrage. Exercice de mystification?
On jurerait avoir affaire à un autre écrivain,transfiguré,
tant la manière tranche de son premier roman.
Roman assez dialogué, cinématographique dans l'évocation
des années 80. Très vivant et rythmé,
proche de ses personnages, Mistral prend le temps
de les installer sans lourdeur.
C'est littéraire et très incarné, comment dire...
Une littérature qui se vit par sa lecture.
Ça m'a touché d'autant plus parce
que je gravitais autour de ces lieux à l'époque de
mon UQAM en musique.
En gros, c'est l'histoire de deux paumés
(et d'un poète mythique)
qui gravitent autour du Carré St-Louis dans
les années 80.
Le carré St-Louis et sa magnifique fontaine.
Sa faune diversifiée...
Ça m'a rappelé de très beaux souvenirs,
universitaires insouciants, le P'tit Bar sur de
Maisonneuve, les potes perdus au fil des années
et des destinées, avec lesquels j'ai refait le monde,
le temps d'une soirée.
Un roman plein de saveurs et d'odeurs,
physique et spirituel, écrit par un grand.
Une sensibilité intelligente qui évite le pathos
à chaque page, avec une finale remarquable.
La tendresse et le respect l'emporte(et doivent l'emporter) sur tout,
malgré les apparences et les faits de ce monde troublé
qu'est le nôtre; ça s'appelle:
"Léon, Coco et Mulligan".

5 commentaires:

Doparano a dit...

Mister Mistral sera sûrement flatté de cette jolie critique de son livre. Pour l'avoir tenu maintes fois dans mes mains sans jamais l'acheter, je crois que ton billet cher ami a fini par me convaincre une fois pour toute.

Yvan a dit...

Tu m'en donneras des nouvelles Do.

Mistral a dit...

Do a raison. Tu me donnes envie de le relire, eh eh...

Yvan a dit...

Te gêne surtout pas,
j'ai beaucoup aimé.
Ce fut un immense plaisir de renouer avec l'écrivain.

Doparano a dit...

Do a toujours raison Christian, demande à Ksi il te le dira :)

Mon livre est en commande chez ma libraire.