dimanche 15 juillet 2012

Saut aux yeux


Cet été, dans mes temps libres et volontaires,  je me rapproche du plancher
des vaches quand bon me semble;  je suis parfois à ras le sol à vrai dire.
Accroupi, j'accomplis ma besogne réparatrice aux quatre vents.
Dehors, avec toute la vie pullulante que la Mauricie peut impliquer,
panoplie de vies s'offrant à moi au-dessus comme en-dessous 
qui chantonne, piaille, bourdonne, rampe et pique.
Plus souvent qu'autrement pendant mon office de réfection
nécessitant abnégation pure, je suis à même de constater
et apprécier le concert en trois dimensions:
zzz pour les petits insectes volants.
ZZZZ pour les plus gros avec une tonalité mitoyenne
pour les entre-deux.

Je lève la tête, c'est le royaume de ceux et celles qui volent et planent.
Je la baisse et c'est celui de ceux et celles qui marchent et rampent.
Je la laisse porter telle que ma nature l'ordonne et c'est l'humain seul
qui y trône ou roule dessus, croyant à tort en sa maîtrise absolue
de l'univers par ses machines interposées.

Je baisse la tête comme Anarchopanda lorsqu'il est triste.
Je n'ai pas le choix, j'ai une entrée pleine de craques à réparer.
Je m'applique et me concentre sur ma tâche parce que c'est maintenant
ou jamais. Un autre hiver sans soin et ce sera foutu, faudra tout refaire
à coût prohibitif.
Alors je préfère réparer (chaque fois que je peux ) au lieu de consommer du neuf
afin de prolonger la vie des choses et épargner l'environnement
quand c'est possible.  Le pauvre en a bien besoin.

Alors que j'étends un coulis préparatoire à une pâte réparatrice finale,
j'observe une fourmi cherchant son chemin parmi
l'enchevêtrement que j'ai moi-même tracé à force de goudron
et caoutchouc liquide dans les fentes du temps qui usent.

Des fourmis de différentes tailles se heurtant aux rivières de goudron
pour elles et filets risibles pour moi; humain sur-dimensionné.
Je vous entends presque rire ou pleurer d'ici...
Elles savent d'instinct les éviter et les contournent savamment,
pour peu qu'on s'intéresse à elles.
Je les observaient aujourd'hui même avec intérêt.

En fait, j'étais fasciné par ce qui nous apparait minuscule et risible.
Une ou des fourmis.
Si quelqu'un parmi vous avez un roman
de "fourmis"  à me suggérer  je suis tous yeux..:)
Petites, moyennes et grosses. Trois gabarits en Mauricie.

Toutes savaient éviter l'obstacle. Elles le contournaient naturellement
et sans relâche jusqu'à une voie de sortie.
Les plus grosses transportant des charges dépassant leur poids
sur leur dos ou mandibules sans ralentir la cadence de leur marche
pendant que les petites s'activaient autour de leur propre
société, car il s'agit bien de cela.
Des sociétés.

Elles sont infatigables et nous survivront sans doute.
 À leur échelle, nous devrions supporter
au moins deux fois notre poids sur nos épaules
sans se fatiguer le moins du monde.


J'aimerais avoir six pattes et leur vigueur.




9 commentaires:

anne des ocreries a dit...

Un film : Microcosmos, le peuple de l'herbe, 1996.

un livre : Les fourmis, Bernard Werber, 1991 ; peut-être a-t-il traversé....sinon, dis-moi-le, je te l'envoie !!!!

Yvan a dit...

Merci Anne!
Vu Microcosmos,c'est bien.

Ce livre me dit quelque chose...
Vais vérifier.

manouche a dit...

Je t'embrasse avec mes huit pattes.
L'araignée au plafond.

Yvan a dit...

:o)
xx

On ferait de sacrés super-héros
si on pouvait adopter certaines
qualités de ces insectes
à l'anatomie peu avenante.

Yvan a dit...

Ya tellement d'pieds aux culs
qui s'perdent,
on suffirait à peine
à les distribuer.

Yvan a dit...

Anne et Manouche.
Vous êtes deux lumières
dans le sous-sol de bien
des existences,dont la mienne.
Un bel été à vous.

Bises.

anne des ocreries a dit...

Merci Yvan, bel été aussi ! :)

manouche a dit...

Bel été, bises...terribles!

Yvan a dit...

Okay. :)
C'est okay.

"Terrible" étant un mot
dont on m'affuble souvent
ces temps-ci.
Ché pas trop pourquoi,
mais j'en ai une vague idée
que je tenterai peut-être
de définir dans un avenir
proche.

Je soupçonne la dernière
canicule vécue d'être
en bonne partie responsable
de cet état de fait.