dimanche 15 juin 2008

Cris et Chuchotements- d'Ingmar Bergman (1972)


Certains samedi soirs, Télé-Québec pense aux cinéphiles comme ce fut le cas pour ce chef-d'oeuvre présenté cette semaine.
Quand je l'ai vu la première fois, j'étais jeune et vert. J'avais à l'époque trouvé négatif, mais ça m'avait impressionné.
Hier soir, j'étais mûr pour ce sondage abyssal de l'âme humaine comme seul Bergman savait les faire. Ce film n'a pris aucune ride et traversera le temps par sa profondeur, sa sensibilité et son intelligence.
Un huis-clos de rêve ou de cauchemar éveillé sur la mort, la souffrance, le temps qui passe, la jeunesse perdue, la complexité des rapports entre êtres humains, la solitude dont nous sommes tous affligés et que nous essayons de combler à tout prix soit par la froideur et la distanciation, soit par la proximité d'un corps autre ou la fuite en avant vers une quelconque chimère...
Et ce temps qui fuit toujours malgré nous en nous faisant subir ses affres.
Lentement mais sûrement. Tic Tac, Tic Tac.
Comment reconnait-on un chef-d'oeuvre en 2008, si seul le temps le confirme?
J'aime à croire que le message importe plus que le messager. La forme est secondaire, mais on aime bien nous faire croire le contraire aujourd'hui.
Si ce film nous était présenté maintenant, serait-il un succès populaire et critique comme ce fut le cas à l'époque en 1972? La maîtrise de ce huis-clos féminin est parfaite.
Ce film est parfait, ya pas un plan inutile. Ni un mot qui ne porte sa charge significative.
Ce qui me frappe chez Bergman, c'est justement l'intelligence des dialogues et du jeu des acteurs, c'est naturel et lourd de sens, jamais redondant. Et le jeu des actrices, la mise en scène, l'observation des visages et des regards qui parlent sans rien dire...Et qui crient parfois au secours très physiquement en d'autres moments...Ce film est parfait!
Quel observateur méticuleux vous faites Ingmar, une référence à jamais incontournable.
La manière dont vous transmettez l'angoisse et les désirs, le désarroi et le bonheur, la souffrance et la délivrance.
Bergman, l'un des plus grands observateurs-cinéma de l'âme humaine ayant existé.
Comme l'art de la fugue de Bach, insurpassable jusqu'à preuve du contraire.
Si on me demandait un top 3 cinéastes, Bergman est là, c'est certain. Les deux autres, j'ai pas trouvé encore,(J'ai qques noms mais...) et vous?
Nommez-m'en un au moins, je demande pas les trois, là.
Juste un, avec deux en réserve.

4 commentaires:

Antoine a dit...

Jusqu'à nouvel ordre mon trio est Tarkovski, Herzog et Sokurov. Monte Hellman ne suit pas très loin. Dis nous au moins qui est en lice. :-)

Yvan a dit...

Yen a une flopée, dont certains que je connais peu. Il me faut voir leur oeuvre en entier.Je connais pas Monte Hellman!

Ya ton top 3 plus Bresson,Bunuel,
Antonioni,Fassbinder,Fellini,J.Ford
J.Huston,Welles,Truffaut, arrêtez-moi quéqu'un...Coppola, Jodorowski,Godard,Hitchcock...
C'est trop cruel un top 3, faudrait un top 5, voire un top 10!

Antoine a dit...

Oui c'est vrai, je m'en suis voulu d'oublier Bresson, et Jodorowski, ben trop vrai. Il y a quelques Hellman à la Boite Noire disséminés un peu partout, un avait été volé ou perdu... Aucune section ne lui était consacrée à l'époque.

Yvan a dit...

J'en oublie certainement moi aussi!
C'est un truc qui prend des années à mûrir et sujet à changement ce top-cinéastes, parce que nous aussi on évolue.