samedi 25 août 2012

Essayer de comprendre


 Je copie ici le témoignage d'une mère suicidaire et survivante
 envers sa fille, suite au suicide d'Ève Cournoyer
 et parlant ici du sujet mieux que je pourrais le faire moi-même.


"Lorsque j’ai appris la nouvelle hier, j’ai été bouleversée. Parce que Ève, je l’adorais comme vous tous, mais aussi parce que lorsque j’avais 16 ans, à peu près le même âge que sa fille, ma mère a fait une tentative de suicide très sérieuse dont elle a été sauvé in extremis. Tout à l’heure, je l’ai appelée parce que j’avais besoin qu’elle m’aide à comprendre. Ce qu’elle m’a dit m’a aidé alors, avec sa permission,  je vous retranscris ici notre conversation en espérant que cela puisse peut-être apporter un peu de lumière dans la nuit.

(…)

- Maman, je voudrais te demander quelque chose. Tu sais quand tu as fais ta tentative 
  de suicide ?

- Oui

- J’avais juste 16 ans et … tu sais … Je me disais que peut-être Ève a vécu un peu la même chose que toi… Je sais que tu m’as toujours aimé, à la folie même … alors je me demande  comment ça se fait que tu aies fait ça malgré tout.  

- Tu sais, à ce moment là, il y avait si longtemps que je souffrais et la souffrance que j’éprouvais était tellement profonde que rien d’autre n’existait. Ça obnubilait toutes mes pensées et rien n’avait pu m’apporter de soulagement. Je n’avais plus aucun espoir de cesser de souffrir un jour alors à un certain moment, le suicide est devenu la seule solution.

- Mais tu n’as pas pensé que ça me ferait terriblement souffrir moi ?

- Non. Ça n’avait pas de place dans l’équation parce qu’en fait,  je croyais que je te libérais.

-  Hein ? Comment ça ?

- Je me trouvais tellement nulle, mauvaise mère, dépressive. J’étais persuadée que j’étais une mère toxique pour toi.  Je croyais que n’importe qui d’autre aurait été mieux que moi pour prendre soin de toi. Moi disparue, tu n’avais plus à supporter cette mère-poison et j’enlevais une immense épine de ton pied.

- Mais ça n’a pas de sens.

- Non, c’était complètement irrationnel. Mais pour moi, à ce moment, je ne faisais rien subir à mon enfant, au contraire. En disparaissant, je réglais mon problème et le tien car le problème, c’était moi.  Je ne voyais pas ça comme dramatique, j’étais persuadée que je te rendais le plus grand des services. Je sais que c’était totalement illogique mais c’est ce que je croyais sincèrement.

- Tu n’as pas eu le moindre doute que tout cela ne se tenait pas du tout ?

- Non parce que lorsque que j’ai pris ma décision j’ai ressenti une paix tellement grande que cela a confirmé tout ce que je croyais. La mort était la solution. Personne n’aurait pu se douter que je commettrais un tel geste. J’avais l’air si bien, heureuse, rayonnante et en fait, je l’étais.

- Comme si tu étais heureuse d’en finir avec tout ça ?

-  Comment je pourrais t’expliquer …. D’accord, imagines que chaque personne a en elle deux instincts. Un instinct de mort qui nous pousse vers la mort et un instinct de vie qui nous raccroche à la vie.

- Ok

- L’instinct de mort c’est comme une petite voix qui te souffle à l’oreille que tu serais tellement mieux morte, que la mort serait la solution, que la vie est trop difficile, que ça ne finira jamais. Tu vois ce que je veux dire ?

 -mhmm.

-  Quand l’instinct de mort se met à dire de telles choses, sans que tu en aies conscience, l’instinct de vie se réveille et se met en état de survie. Il envoie une décharge d’adrénaline comme s’il y avait un réel danger de mort physique. Soudain, tu as très peur et tu peux avoir des palpitations, des sueurs froides, des crises de paniques et d’autres symptômes très éprouvants. Tu ne comprends pas ce qui se passe car tout cela est inconscient et tu crois que tu es en train de devenir folle.

- Oui, je me souviens.

- Lorsque tu es en état de souffrance constante comme je l’étais, l’instinct de mort se manifeste sans cesse et l’instinct de survie le combat à chaque fois alors tous les jours, c’est comme une grande bataille qui te déchire à l’intérieur.  Mais tu vois, lorsque j’ai pris cette décision, lorsque j’ai choisi de mourir, l’instinct de mort a gagné. Alors, l’instinct de vie s’est endormi et pour la première fois, j’ai ressenti la paix. Il n’y avait plus de bataille et je n’étais plus déchirée. J’étais extrêmement calme et je ne ressentais plus aucun stress. Pour la première fois, j’étais vraiment en paix et cela a faussement confirmé que j’avais pris la bonne décision. Je disparaitrais, mes enfants seraient bien et tous les problèmes allaient être réglés.

- Je ... je comprends…

- Ma décision était cristallisée et rien n’aurait pu me faire changer d’idée. J’ai attendu que vous soyez partis en vacance puis j’ai appelé mes amis pour leur annoncer joyeusement que j’allais passer quelques jours à Québec afin que personne ne puisse venir me sauver. J’ai barré la porte et j’ai ressenti une grande paix."

 (Ma mère, Louise Reid, est maintenant intervenante en psychologie et suite à cette tentative de suicide, elle a passé le reste de sa vie à trouver des moyens efficaces de guérir l’anxiété qui l’a mené à ce moment fatidique.)


Merci.

Intermezzo




"Homard de pierre".
Je trouve ça "ponke",  avant la lettre.
C'est encore et toujours too much, en musique.

Je vois des B-52 à tous les jours;
raison de plus pour répéter l'expérience
auditive.

Je republie donc cette musique parce que j'aime bien
réécouter une chanson que j'aime beaucoup.

jeudi 23 août 2012

Reste


Tu resteras, vous resterez.
Me faites pas le coup de partir sans avertir.
Au moins un petit avertissement.
Les gens qui vous aiment le méritent.

Tu resteras, parce que l'amitié qui nous caractérise
est unique et primordiale et en ce sens immortelle.
Il faut l'entretenir ici et au delà de nos différents.

Aussi, je me positionne.
Je suis contre le suicide improvisé.
Totalement contre, parce qu'il fait
énormément de ravages autour de soi.
Des ravages insoupçonnés qui vont
bien au-delà du cercle familial
et des amis.

Je puis encore moins me prononcer
sur le suicide prémédité.
Dépendamment des philosophies
orientales ou occidentales il peut être soit:
un acte ultime de liberté ou un de lâcheté.

Je ne sais pas, je ne suis pas juge
et jamais ne voudrais me poser
en tant que tel. Je sais juste
que ça provoque beaucoup de douleur
chez ceux et celles qui souffrent la perte.

Je comprends cependant l'abdication d'artistes
ou d'êtres hyper-sensibles face à une vie inique,
froide et "apparemment" sans issue.
En même temps ne comprends pas
le manque de résilience face à l'adversité,
au point de vouloir s'enlever la vie.

Chacun voit et ressent différemment
les épreuves que nos vies imposent.
En ce sens, je ne puis qu'observer
et tirer ou non leçon de vies présentes
et antérieures. Commettre l'inéluctable
engendre un lot qui nous dépasse.

Voir un ou une amie s'en aller
par sa faute fait beaucoup de mal.
Je connaissais pas Ève perso,
mais je puis facilement imaginer la douleur
que ressentent ses proches et lointains amis,
parce que l'art et ses artisans touchent
au plus près de l'âme.

Ève a laissé une oeuvre
qu'il nous appartient de maintenir vivante
en réécoutant ses chansons.

Ne faites pas cela,
qui que vous soyez.
Restez avec nous.
Sivouplè.

Je nous crois beaucoup plus enrichissants vivants
que morts, peu importent nos états d'âme.





vendredi 10 août 2012

Chinois biscuit


Il arrive parfois des jours où l'on cherche un endroit où se sustenter sur la route,
au gré des assignations changeantes de jour en jour.

La 578 n'est pas facile pour luncher; elle couvre un grand territoire
avec peu de restaurants potables sur le pouce.
Voulant changer de "La Belle Province" j'empruntai
un parcours différent vers le midi.

Un resto chinois dont j'oublie le nom attira mon attention
en retrait du boulevard Lévesque.
Faut porter attention à cette vitrine parce que franchement...

Anyway...
J'ai faim, je cherche autre chose et m'y arrête
puisque j'ai un peu de temps.
Une dame dans la soixantaine m'y accueille
avec le menu du jour et égards.
L'endroit est bien mis malgré la façade
absolument quelconque et les tables
irréprochables dans leur présentation
avec serviettes originalement pliées
sur chaque table.

Je comprends vite qu'il s'agit d'un resto
chinois à façade québécoise.
La dame(québécoise) me demande si je mangerai
sur place ou pour emporter.

Sur place, après une ou deux questions
je choisis le poulet au cari et ses légumes,
servi avec bol de riz fumant séparé,
plus egg roll en entrée.
Une cuisinière et le proprio
vinrent nous saluer en ce midi.

Après le rouleau très ordinaire, vint
l'assiette de poulet au cari avec légumes.

Réjouissante surprise. Miam.
Les oignons et le poulet étaient parfaitement cuits.
Portion très généreuse, servie avec soin.
Une ostie d'grosse assiette distinguée
et généreuse pour moins de douze dollars
taxes incluses, c'est le rêve ici.

Il existe encore.
Le saviez-vous.